24.12.17 Feliz Navidad

La parentalité s’accompagne d’images d’Epinal, de souhaits et de projections : il y a des moments qu’on imagine, d’autres qu’on tord et qu’on modèle pour offrir, créer et laisser grandir. La veillée de Noël est de ceux là. Nous ne voulions pas que le troisième Noël de la petite se passe dans un lieu de baroud et c’est ce qui a présidé, plus ou moins consciemment à la fuite de Trinidad vers Varadéro, péninsule cubaine uniquement dédiée aux loisirs.

Même si le genre de club all inclusive dans lequel nous avons atterri a tout de ce qu’on déteste en voyage : la moutonnerie décervelée, les guerres de transats et ce comportement bizarrement impoli qui est l’apanage des déplacements en groupe (et le buffet qui pue aussi…), c’est comme un safe spot salutaire que nous abordons le complexe hôtelier où nous allons passer Noël.
Pas de doutes, on reste bien dans les Caraïbes, et le passage à un hébergement de luxe n’y change rien. Les stigmates de l’Ouragan sont encore perceptibles, mais si on comprend qu’un balcon c’est long à réparer on a plus du mal à comprendre pourquoi la fille du resto nous gueule dessus. Stress de Noël, nonchalance — hein Mawie Thewese … — on s’en fout et si c’est pas le lieu tout à fait rêvé pour Noël on a quand même méchamment amélioré notre main sur la river. Les russophones se torpillent à la piscine, les québécois « se souillent » pendant que les populations riches de Cuba nous font réaliser que nos clichés de Noël ne sont pas les leurs.

Jeux d’épaules pour se réserver un coin pas trop degueu pour le diner du soir, gros yeux interrogateurs pour décrypter codes et conventions en place en ce lieu, évitement du Sergeï bourré et déplacement en latéral vers la Friend Zone de la serveuse qui a sacrifié son réveillon de Noël pour servir des Mojito dégueux à tout un tas de mecs bourrés depuis 18h qui ne sentent plus rien jusqu’aux orteils.

Je ne sais pas si c’est la présence de notre petite merveille, mais l’esprit de Noël se faufile tranquillou vers notre table. Ambiance Patarev, on contourne les cocktails à l’eau de vaisselle en resquillant une bouteille de Chivas au shop du coin et on se finit au resto oriental pour un menu unique. Nos voisins de tables diront « la différence avec le buffet c’est qu’au lieu d’aller chercher ta merde tout seul, on te l’apporte à table » mais nous on s’en fout : on se raconte des histoires, on rigole. Notre petite famille est un atol de joie autour d’un tas de gens qui ne souhaitent pas vraiment être là.
Le Père Noël finira même pas faire un détour par notre chambre pour y déposer le déguisement de fée tant convoité et laissera un petit mot indiquant que les gros jouets attendront sous le sapin pour le retour. La petite clochette est joie et les parents sont fierté : cette note est presque superflue ; trois ans et elle sait se satisfaire de ce qu’elle a. Décidément cette soirée remplit des promesses qu’on n’attendait pas.

¡Feliz Navidad!

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