23.12.17 Changement de plan

Ah comme j’aimerais dire que la journée d’hier n’était qu’une parenthèse dans notre séjour. Sauf que la parenthèse, y’a quelqu’un qui a oublié de la fermer bordel. La nuit n’a pas porté conseil, elle a juste emporté le sommeil : moustiques, clim à Led qui éclaire notre nuit blanche en plus de nous coller un coup chaud un coup froid, coucaracha … bref on se réveille avec les yeux qui collent pour un pti dej devant Barca vs Real Madrid qui augurera d’une demie journée de galères de plus.

Comme souvent dans ce genre de situations, les teams s’organisent, les plans se montent, les listes d’action se construisent et se rayent. Objectif : trouver une alternative, inverser la vapeur, se sortir de ce qui nous pèse vraiment : pouvoir offrir un Noël à la petite. Dans un autre contexte, nos petites galères de logement précaire ou de plans semi foireux ne nous auraient pas plus perturbé qu’une paillasse en bois au nord de la Thaïlande. Sauf que demain c’est Noël et qui si le petit dodu tout rouge a bien prévu un dédommagement pour l’enfant chéri, il aimerait bien que ce soit tout de même dans un cadre qui lui laisse un bon souvenir.
En vérité, la petite princesse s’en fout probablement, mais les parents que nous sommes culpabilisons et nous mettons tout en oeuvre pour explorer d’autres options et nous trouver un carnet de route qu’on remplira de rires et pas de sarcasmes. Alors pendant que Maman se lancent tous azimut dans les recherches, Papa compense à la glace vanille-fraise et dessine des cocotiers.

On en aura chercher des alternatives, cramé des cartes de connexions internet, sollicité des intermédiaires et des prétendues agences de voyage. Jusqu’à ce milieu d’après midi où Maman reviendra triomphalement avec un plan B : demain nous tracerons la route vers Varadéro. Taxi à 8h, l’esprit est libéré et prêt à donner une dernière chance à Trinidad qu’on nous a tant vanté.

Alors certes, cette ville a une histoire que le reste de l’île n’a pas, une légende de piraterie et de boucaniers, un petit centre protégé et classé au patrimoine de l’humanité par l’Unesco ; mais elle n’en reste pas moins une pépite au milieu d’un trou crotteux. L’Histoire est là, la tentative de la conserver et de l’exploiter aussi, mais pas le savoir-faire. Le résultat tient plus de Disneyland que de Dubrovnik ou de Angkor tandis qu’autour, à quelques mètres seulement, les familles cubaines vivent dans des taudis. Alors quoi, on passe avec notre pouvoir d’achat délirant et notre bienveillance à la con pour faire des photos des enfants qui jouent avec des canettes de vide de Cubacola ?

Nous savions que visiter un pays à la croisée de son développement nous apporterait ce lot de contradictions. Mais cela laisse tout de même un goût amer et nous ne souhaitons nous cacher ni derrière une fausse humanité ni dernière de bons sentiments. Alors on se recentre sur notre rôle de touriste et en assumons le statut. Après tout, nous ferons marcher un peu l’industrie et si le système n’est pas trop pourri, ces mêmes gens en tireront une juste rétribution.
C’est sur ces idées un peu grises que nous tourneront la page Trinidad dans un restaurant coté de la vieille ville. Et comme la magie opère quand on ne l’attend pas, ce sera là une de nos meilleures soirées jusqu’à maintenant : de celles où les échanges et les histoires fusent et où la petite n’est plus juste une enfant mais partage avec intérêt repas, histoires, musique et franche rigolade.
— ¡Sinõr, uno mas Daïquiri por favor!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.